Le genre de la bande dessinée japonaise ou autrement dit les mangas, représente un aspect idéalisé de la société japonaise. Utilisées à but de propagande à l’origine, les mangas ont toujours été démonstratifs de leur pays, au fil des années. Ainsi, se distinguaient trois grandes catégories dans le manga : le shônen qui sont des histoires d’aventures et d’actions, le shoujo plus axé sur la romance, le josei qui, comme le shoujo propose des œuvres romantiques mais plus matures, et le seinen qui vise un public plus adulte. Chaque genre dispose d’un schéma scénaristique respectif, ce qui fait le fruit d’énormément de comparaisons entre les œuvres. Cependant chaque manga a son caractère unique car leurs interprétations de cette société ne sont pas les mêmes. Dans un monde où beaucoup de personnes veulent rendre taboues certaines causes minoritaires, les auteurs de mangas veulent les désinvibiliser, notamment celle de la communauté LGBT+/Queer. Avant de commencer cet article, je pense qu’il est nécessaire de faire une mise au point sur ce que l’acronyme LGBT ou encore Queer signifie.
Les personnes LGBT (Lesbienne, Gay, Bisexuel, Transgenre) représentent toutes les personnes qui éprouvent des attirances romantiques ou sexuelles autre qu’hétérosexuelles. Ce sont également les personnes dont l’identité de genre n’est pas cisgenre (personne né.e en adéquation avec son genre assigné à la naissance). Enfin, une personne dite Queer représente les individus ne voulant pas s’associer à une orientation romantique, sexuelle, ou une identité de genre précise.
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Les représentations dans le yaoi/yuri et shonen/shojo-ai
Tout d’abord, nous pouvons retrouver les représentations LGBT+/Queer de manière explicite dans des genres dédiés pour. Allant plus loin qu’un shoujo, le yaoi est un genre représentant une histoire romantique entre deux personnages masculins, et pour le Yuri, sur des personnages féminins. Les termes utilisés à l’origine étaient shonen-ai, lorsque les œuvres n’étaient pas centrés sur la relation entre deux personnages. Dans Banana Fish par exemple, l’œuvre est portée sur des organisations new-yorkaises mais le développement de la relation entre Ash et Eiji est secondaire à l’histoire. Elle y est représentée mais elle n’est pas au centre de la narration d’Akimi Yoshida.
Pour plus d’informations, je vous invite à consulter cet article précisant davantage les spécificités du genre : https://tetu.com/2018/11/30/guide-manga-gay-lesbien/
L’insertion des minorités dans le magazine hebdomadaire le plus reconnu du Japon
Comme nous avons pu le voir précédemment, les mangas sont tout d’abord publiés de manière hebdomadaire dans les magazines spécialisés. Le Weekly Shonen Jump notamment est celui le plus reconnu dans le monde et dont les œuvres sont le plus par la suite adaptées en anime. Ce magazine est dédié aux histoires d’aventures et d’action (les shonen) et beaucoup de ses œuvres représentent le patrimoine du Japon ; notamment One Piece de Eichiro Oda qui est le manga qui est toujours parmi les mangas les plus lus du Jump depuis plusieurs années (depuis 1997 au Japon). Ainsi, ces œuvres sont représentatives de la société dans laquelle elles se développent, et la volonté de mettre en avant des groupes d’individus tels que les personnes LGBT ou queer se manifeste de plus en plus. Au même titre que les personnages féminins qui sont de plus en plus mis en avant, nous pouvons voir de plus en plus de personnes LGBT dans ce type d’œuvre. Tout est fait de manière beaucoup moins explicite que dans les Yaoi et les Yuri mais l’insertion de ce genre de représentations dans des œuvres autant reconnues permet par la suite de normaliser cela dans les mœurs japonaises. En effet, la communauté LGBT+ n’est pas encore très bien vue dans la société. C’est pour ces raisons que les mangakas les insèrent dans leurs œuvres. Les représentations LGBT et Queer dans des mangas représentant le pays à l’échelle internationale comme ceux du Jump sont déterminants d’une société qui évolue avec son temps, et permet une acceptation dans un monde où beaucoup souhaitent garder cette cause taboue. Ainsi, nous allons procéder à une présentation de ces œuvres qui mondialement reconnues font l’affaire de représentations LGBT+
Ces œuvres dans lesquelles nous pouvons retrouver des représentations implicites LGBT+/Queer
- One Piece, que nous avions mentionné précédemment. En effet, nous pouvons reconnaître des représentations LGBT+ dans le manga.
Nous pouvons le voir tout d’abord dans le personnage de Bon Clay qui se considère comme « à moitié homme et femme ». Iel est membre d’une agence dans laquelle ses collègues le nomment à la fois comme un homme et une femme selon les missions.
Toujours, dans One Piece, Eichiro Oda a développé un arc sur les questions de l’identité de genre et la légitimité des personnes LGBT+ (Impel Down).
- Jujutsu Kaisen. Dans l’œuvre de Gege Akutani, nous avons un personnage nommé Megumi qui, lorsqu’un personnage lui demande quel est son type de filles, répond qu’il n’a pas de préférence particulière, et qu’il n’en a rien à faire du genre de la personne. C’est un simple détail, mais ce genre représentations cachées permet de normaliser cela. De plus, cela permet pour une personne LGBT+ de se sentir concernée directement par une œuvre.
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- My Hero Academia. L’auteur du manga n’a jamais représenté explicitement un personnage ou la cause en tant que telle, mais a dit dans un communiqué que son histoire était composée de plusieurs personnages LGBT+. Les personnages seront ainsi annoncés plus tard.
- L’Attaque des Titans. Dans une œuvre où le contexte est bien particulier, Hajime Isayama développe dans son histoire une relation entre deux de ses personnages. Les jeunes Historia et Ymir sont fusionnelles, et Ymir exprime aimer les femmes à un autre personnage du manga.
Le personnage d’Hange également se considère comme non binaire. Hange est écrit.e au féminin dans la traduction française car nous n’avons pas d’équivalent neutre, mais le mangaka a toujours pris soin d’écrire Hange au neutre.
Le travail des éditions Akata
Spécialisées dans la publication de livres portant sur les représentations des causes minoritaires, les éditions Akata sont engagées dans les causes LGBT+ notamment, et leur catalogue est composé d’énormément d’œuvres mettant en avant cette communauté. Ils publient à la fois des mangas mais aussi des Light Novel et des romans ado. Cette particularité fait partie des directives principales de la maison d'édition, ce qui la rend particulière à sa concurrence.
Quelques titres du catalogue des édtions Akata
Nous voyons de plus en plus de représentations des minorités parmi la population, ce qui est exceptionnel pour un pays qui a des coutumes allant à l’encontre de l’individualisation. Autrefois critiquées, nous pouvons voir vers la fin des années 1990 une multitude d’œuvres dissimulant de manière implicite des représentations LGBT+ à travers des personnages. Les tabous se brisent et nous vivons actuellement une ère déterminante en terme de représentations, dans laquelle les moeurs évoluent et cherchent à représenter davantage toute la population.
Marie-E B
Le manga et la communauté LGBT+ : une (r)évolution en cours ? | O-Taku Manga Lounge
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