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8 janvier 2022 6 08 /01 /janvier /2022 11:19

Tout le monde connait les samouraïs, ces guerriers mythiques du japon féodal. Ces combattants de légende ont écrit l’histoire du Japon par le fer et par leur sang. Capables de pourfendre de leur sabre n’importe quels adversaires. Le Bushido est leur règle de conduite, leur raison de vivre, leur Voie.

 

Les Samouraïs et leur morale sont aujourd’hui encore imprégnés tant dans la culture japonaise que dans notre imaginaire. Leurs armures et katana, leur mode de combat et leur style de vie raffinées mais sans pitié. Leur code éthique basée sur des valeurs fondamentales telles que l’honneur et la loyauté, une philosophie de vie très liée au shintoïsme, mais surtout liée à la mort.

Le Bushido « La voie du guerrier »

Nous allons retracer les origines de cette voie pour vous faire découvrir ses vertus essentielles. Je vous raconterais ensuite l’histoire de son apparition et des valeureux guerriers qui l’ont entretenu dans la culture ainsi que dans notre imaginaire collectif, et enfin sa place au sein de la société japonaise.

 

🏹 En quoi consiste le Bushido ?

 

Pour commencer, le code d’honneur du guerrier japonais est le Bushido (武士道). Il se compose des termes BU , qui signifie la maîtrise des armes et des arts martiaux, SHI représente le guerrier qui a suivi un apprentissage et DO qui est « la voie ».

 

Cette voie est fortement inspirée des valeurs bouddhistes, confucianistes et shintoïstes. Il consiste à suivre sept grands principes tout le long de sa vie. L’honneur est le socle de cette éthique. La maîtrise de l'arc, de l'épée et des techniques de combat à main nue sont essentielles pour le Bushi (武士), mais son comportement est primordial. Il se doit de se montrer digne de son rang, de maintenir et défendre son prestige, ainsi que de faire valoir ses mérites. C’est aussi un moyen d’évolution spirituelle propre à leur titre.

 

Le rapport du samouraï à l’honneur et à la mort est très sensible. En cas de déshonneur, un drame s’ensuit généralement. Quand un guerrier voyait son honneur bafoué par un autre, il pouvait le venger par le duel. La seule résolution sera la mort de l’un des deux combattants. Quand un samouraï de haut rang perd une bataille et assume une défaite, le seul moyen de le faire pardonner est le suicide rituel, dit seppuku, qui consiste au samouraï à s’ouvrir le ventre. Ce rituel, quand il est fait en face de son seigneur, est aussi considéré comme un véritable honneur. Mieux vaut mourir avec honneur que de vivre dans la honte. Cependant le Bushi doit savoir maîtriser ses émotions et son orgueil.

Le Bushido « La voie du guerrier »

Tous les guerriers ne sont pas samouraïs, mais tout samouraï est un guerrier d’exception. Sur le champ de bataille, ils se distinguaient par leurs armures et parce qu’ils maniaient le sabre, mais ils maîtrisaient aussi l’arc et montaient à cheval. Tandis que la majorité des soldats se battaient à la lance et portaient de piètres protections. Les simples soldats étaient principalement des civils ou paysans. Il était inconvenant de combattre entre guerriers de rangs différents si on pouvait l'éviter.

 

Dans leur vie civile, les samouraïs sont les serviteurs de leur Daïmyo (le mot Samurai 侍所 veut littéralement dire serviteur, le terme pour guerrier est Bushi) et ils sont élèves de l’école de ce dernier, que l’on appelle Koryu, dont certains enseignent encore aujourd’hui. La tenue que porte samouraï se constitue du Hakama et du Keikogi, mais surtout les deux sabres dont les lames sont tournées vers le ciel, qui est le signe distinctif de cette classe (le Katana et le Wakizashi sont les sabres les plus célèbres, mais les types de sabres portés ont plusieurs fois changé avec les époques).

Le Bushido « La voie du guerrier »

 Quand et comment est-il apparu ?

 

Les plus anciennes traces écrites au Japon datent du VIIe siècle après Jésus Christ mais le système féodal était déjà en place. Aucun code n’était rédigé, cependant un comportement et une éthique commune existait parmi les plus nobles guerriers du pays et parmi les Daïmyos (seigneurs de guerre et vassaux). Une dimension morale et spirituelle apparaît progressivement.

 

Ce code moral est suivi et respecté dans la féodalité japonaise mais les principes et l’étiquette codifiée n’apparaissent à l’écrit qu’à partir du XVIIe, durant l’ère Tokugawa, sous forme de lois afin de maintenir le pays unifié depuis peu en paix. L’apparition écrite de ce code et le nouveau modèle de vie imposé aux samouraïs rendra obsolète le rang particulier de bushi et par conséquent de suivre « la Voie ».

Le Bushido « La voie du guerrier »

Tout en continuant à perfectionner leur art et techniques de combat, ils se mettent à accorder autant d'intérêt à leur élévation spirituelle, notamment par la pratique du Zen et de la méditation. Ainsi, le samouraï acquit sa réputation légendaire de combattant invincible, mais aussi de personne raffinée. La pratique du Zen aide à la concentration, renforce la précision du geste et l'éveil spirituel. Néanmoins, les duels et les exploits restaient au cœur de l’idéal du samouraï. Encore à cette époque, le sabre était toujours perçu comme l'essence de l'âme du guerrier et de la profession de Bushi.

 

Les sources du bushido s’inspirent profondément des trois religions majeures du Japon :

  • Le shintoïsme, la religion ancestrale du pays, qui place la famille au centre de la vie. Le respect des parents et le culte des ancêtres est le cœur de cette philosophie.
  • Le bouddhisme, qui apporte la pratique du Zen.
  • Et le confucianisme, qui a façonné les mentalités guerrières en apportant des valeurs comme la droiture, la loyauté et le respect absolu de la hiérarchie et de l'autorité, l’engagement et fidélité sans faille et la bienveillance envers les nécessiteux et les vulnérables, une soif de connaissances, de culture, des arts et de la justice. Cet élément apporte un aspect social à cette caste, qui se transforme en une sorte de police féodale.

🎎 Les 7 principes de la Voie

 

La voie est apparue au fur et à mesure des périodes de l’histoire du pays, généralement transmise à l’oral et rarement écrite (certains détails pouvaient même varier selon les clans) bien avant la rédaction des lois de ce code d’honneur. Aussi certaines valeurs font leur apparition dans de nombreux ouvrages de référence comme le « Hagakure », bien qu’il fût surtout destiné aux lettrés et qui se concentrait sur l’importance de la loyauté, ou l’œuvre de Miyamoto Musashi, le « Traité des Cinq Roues », plus tourné quant à lui vers l’art du combat. On notera aussi l'apport de grands érudits, tels que Takuan Soho qui disserta beaucoup avec les grands maîtres.

 

Mais l’œuvre qui a le plus décrit cette mentalité est « Bushido, l'âme du Japon », de Inazo Nitobe. Bien qu’il ait été publié au début du XXe siècle, il a relevé Sept grandes vertus confucéennes essentielles à respecter durant toute leur vie mais aussi à l’heure de leur mort :

GiLa droiture, le sens du devoir et de la justice

ReiLa politesse et la courtoisie

YuLe courage, l’héroïsme

MeiyoL’honneur

JinLa compassion et la bienveillance

MakotoLa sincérité et la vérité

ChuLe devoir et la loyauté

Le Bushido « La voie du guerrier »

🏯 Un peu d’Histoire

 

La féodalité japonaise a duré jusqu’à la fin du XIVe siècle. L’Empereur règne et l'accès trône est héréditaire, car ils sont les descendant de la déesse Amaterasu. Cependant la réelle gouvernance diplomatique et militaire, est laissée aux mains du Shogun, par une dictature nommé Bakufu. Enfin les différentes provinces sont dirigées par des seigneurs de guerre et vassaux que l’on appelait Daïmyos. Ces derniers possèdent des terres et domaines et ils sont généralement maîtres d’école, et leurs disciples sont leurs plus grands samouraïs. Les paysans et civils des terres de ce Daïmyo sont les soldats de bas rangs.

 

Les stratégies de guerre évoluent et le combat en mêlée prend de plus en plus d'importance, ce qui fait que le nombre de soldats augmente durant les batailles. On réuni des armées immenses qui se dispersent ensuite dans tout le Japon. Ce qui a ouvert le pays sur une période du chaos nommée ère Sengoku ou « des provinces en guerre », qui dura plus d’un siècle. Cette époque était devenue plus sanglante, plus réaliste mais surtout désespérée. Peut-importe comment la victoire est obtenue, seul compte la survie. Rapporter les têtes de ses adversaires et de généraux ennemis devient même une opportunité de succès et de promotion.

Hikone-jō Bon Sekigahara Kassen Byōbu (彦根城本『関ヶ原合戦屏風) by Sadanobu Kanō – 1620’s - Collection of The Town of Sekigahara Archive of History and Cultural Anthropology

Hikone-jō Bon Sekigahara Kassen Byōbu (彦根城本『関ヶ原合戦屏風) by Sadanobu Kanō – 1620’s - Collection of The Town of Sekigahara Archive of History and Cultural Anthropology

A la suite du décès de Oda Nobunaga, qui a réunifié le pays après plus de 80 années de constantes guerres civiles, ses deux plus proches alliés, Hideyoshi Toyotomi, le nouveau Shogun, qui dirigeait depuis Osaka et Ieyasu Tokugawa, le seigneur d’Edo (qui est actuellement Tokyo), se battent pour sa succession. Le pays est divisé en deux. En 1602, la bataille de Sekigahara marque un tournant dans l’histoire du pays. C’est la fin de l’ère Sengoku et le début de l’ère d’Edo et du shogunat de la dynastie des Tokugawa qui perdura jusqu’en 1867.

 

Dès lors, les règles de la voie sont écrites sous formes de lois. Par l’instauration d’une étiquette extrêmement codifiée, par la bienséance ou encore la célèbre cérémonie du thé. Afin de maintenir la paix et l’unification du pays, mais aussi pour adoucir le Bushi et lui donner de nouvelles obligations. Le rang perd en importance au fil des siècles par manque de guerres et d’activités et devient donc obsolète. De nombreux guerriers perdirent cependant leurs sources de revenus. Les samouraïs qui ne travaillèrent plus ni pour un maître, ni dans un château devinrent des mercenaires et vagabonds que l’on nomme Ronins.

 

Avec la modernisation du pays de la Réforme de Meiji en 1868, les samouraïs perdent leur statut particulier. Inféodés à l'empereur, nombreux sont ceux qui acceptent la réforme et deviennent principalement des officiers de l'Armée impériale japonaise, des hommes politiques et plus tard des dirigeants des premières grandes entreprises modernes du Japon. D’autres se sont battus jusqu’à la mort pour défendre et maintenir leurs traditions (Le film « Le Dernier Samouraï » réalisé par Edward Zwick en 2003 prend place dans ce contexte et permet de comprendre les enjeux de cette réforme et de ce changement d’ère). Le Bushido a aussi servi de motivation aux Kamikazes de la Seconde Guerre Mondiale.

Le Bushido « La voie du guerrier »

 Le Bushido dans la société moderne

 

Le Japon est un pays très contrasté, entre ses rituels et traditions et sa technologie moderne, sa retenue et son extravagance. La société japonaise, malgré son apparence occidentalisée, n'a pas oublié son héritage pour autant. Elle y puise toujours des inspirations dans les moments difficiles. L’influence que le Bushido a eu sur la culture japonaise est considérable si bien qu’il est toujours présent dans de nombreuses œuvres, estampes, mangas, jeux vidéo films, ou séries et grâce à la floraison des écoles d’arts martiaux, ainsi que de Iaïdo et de Kendo confirment que les Japonais gardent en eux les traditions et l’héritage de leurs ancêtres. Aussi, leur popularisation à l’étranger, notamment en France, témoigne de l’intérêt de cette philosophie pour tous ceux qui la découvrent et s’en inspirent dans le monde.

 

Le Bushido est aujourd’hui encore très présent au Japon dans le système scolaire, dans le monde du travail mais aussi dans les grandes familles de Yakuzas qui le respectent toujours. Cela démontre un impact continu des valeurs des samouraïs sur la société moderne. L'esprit combatif, la quête de l'excellence, le respect des ordres et de la hiérarchie, la précision dans le geste et dans l'organisation, l'amour des arts et de la connaissance sont autant de valeurs empruntées au Bushido.

 

Le Japon fait partie de ces grandes civilisations dont la culture est entrée dans la postérité. Elles dépassent le temps et les frontières. Le Bushido, qui s'est inspiré des religions traditionnelles du pays au soleil levant, a eu un impact considérable sur l’histoire et la culture du pays. Si bien qu’ils sont indissociables. Plus qu’un code de conduite, la « Voie du Guerrier » est une constante élévation du corps et de l'esprit, à travers l’apprentissage et la spiritualité.

Le Bushido « La voie du guerrier »

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/Enfin, voici une liste de livres, d’ouvrages philosophiques, d’auteurs, de mangas ou de films si vous voulez aller plus loin :

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