Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Accueil

                   MDL Aix











© Ronald Van Cauter, 2006

 

Chercher dans le catalogue de la bibliothèque



A vous de jouer !

24 juin 2018 7 24 /06 /juin /2018 18:33

Écrivain américain, journaliste, revendicateur du journalisme Gonzo, amateur de liberté, insupportable et provocateur, Hunter S. Thompson, appelé aussi « Dr Gonzo » a eu un parcours aussi atypique que folklorique qui a fait sa renommée.

 

 

Né en 1937 à Louisville dans le Kentucky, Thompson a eu très tôt divers démêlés avec la justice, des interrogatoires pour démontage de boites aux lettres notamment. Très vite il est incapable de se soumettre à une autorité quelconque et malgré sa vocation de devenir écrivain et ses débuts de journaliste, il est régulièrement freiné par son manque de régularité, son incapacité à tenir un délai.

Sa première participation au journal d’une base de l’U.S. Air Force dans l’Illinois s’achève brutalement pour insubordination.

 

Viré après quelques mois d’un job mineur au Time Magazine de New York, période durant laquelle il recopie mot-à-mot Gatsby le magnifique et L’adieu aux armes en vue de se familiariser avec la grande écriture, il enchaîne sur un second licenciement, d’un journal de moindre envergure, toujours à cause de son comportement irrespectueux. Puis, il devient correspondant de diverses publications depuis les plages de Porto Rico ou les forêts de Big Sur (Californie). Il aspire cependant à plus de liberté.

 

C’est ainsi qu’il est amené à enquêter sur les Hell’s Angels, ce gang de motard aux valeurs fortes et emblématiques des Etats-Unis qui a connu son heure de gloire dans les années 60. C’est son infiltration et cette rencontre, qui coïncide avec sa découverte du LSD, qu’il retranscrit dans Hell's Angels (Hell's Angels: The Strange and Terrible Saga of the Outlaw Motorcycle Gangs) en 1966. Le livre est un succès ; il y critique avec virulence les frasques de la société américaine. Une cause qui est au cœur de la plupart de ses écrits.

 

 

En 1970, il participe à des élections en remportant presque la moitié des suffrages dans le but de devenir le shérif du comté de Pitkin dans le Colorado.

Parmi les mesures qu'il souhaitait mettre en place on peut citer les suivantes :

- Changer le nom de la ville d'Aspen et la renommer "Fat City" pour mettre fin à la spéculation et à la capitalisation faites sur le nom "Aspen".

- Interdire la circulation à l'intérieur de la ville sauf pour la desserte locale. Les déplacements devant se faire à pied ou via des vélos mis à disposition et entretenus par les forces de police.

- Contrôle de la vente de drogues. La vente à profit sera punie sévèrement.

- Désarmer les forces de police.

- "Harceler sauvagement" quiconque tenterait de tirer profit de la terre dans un but commercial.

 

Dans le même temps il est engagé pour couvrir différents évènements pour des journaux prestigieux. Commence une collaboration dans les années 70 avec le bimensuel Rolling Stone pour lequel il écrit des articles dont Strange rumblings in Aztlan, qui lui donne l’occasion d’effectuer une virée à Las Vegas avec son ami et avocat activiste Oscar Acosta et qui inspire son livre Las Vegas Parano (Fear and Loathing in Las Vegas : A Savage Journey to the Heart of the American Dream).

 

Considéré par un véritable chef-d’œuvre, c’est Las Vegas Parano qui permet véritablement à « HST » de connaître la notoriété. L’auteur raconte sa virée par l’intermédiaire de son équivalent fictif Raoul Duke, qui cherche à couvrir une manifestation sportive flanqué de son avocat le Docteur Gonzo.

 

L’expédition s’avère être en réalité un immense trip : les deux acolytes expérimentent de multiples drogues et l’écriture de l’article devenue périlleuse prend la forme d’une fresque désabusée du consumérisme dans une ville où il règne en maître et de la dépravation de la société, à côté de laquelle l’auteur ne dépareille pas. Tout ceci fait l’apologie du journalisme Gonzo c’est-à-dire un journalisme qui se défait de toute objectivité, le journaliste se met en scène rédigeant à la première personne un témoignage plus ou moins fictionnel.

 

Johnny Depp dans l'adaptation de Terry Gilliam Las Vegas Parano

 

Deux des romans de Hunter S. Thompson ont été adaptés en film : en 1998, Las Vegas parano par Terry Gilliam avec Johnny Depp dans le rôle de Raoul Duke, qui connait un échec commercial avant de devenir un film culte et en 2011 Rhum Express de Bruce Robinson, adaptation du roman du même nom sorti en 1998, inspiré des aventures de Thompson à Porto Rico, ce dernier film connaît lui aussi un accueil mitigé.

A toi lecteur, je fais une promesse, je ne sais pas si je pourrais la tenir demain ou dans dix ans, mais je tiens à prévenir tous les salauds de ce monde que je ne les tiens pas en très haute estime, et que si j’écris c’est pour être la voix de mes lecteurs. C’est ça ma promesse. Et ma plume sera trempée dans la colère de la révolte.

Hunter S. Thompson dans Rhum Express

Quelques écrits de Hunter S. Thompson se démarquent encore, notamment la publication de ses correspondances. Mais le personnage de Duke est devenu plus célèbre et aimé que son auteur. « HST » devient une caricature du journaliste survolté qu’il était auparavant en multipliant les excentricités publiques attendues. Il n’a pas réussi à accéder tout à fait au statut d’auteur de légende auquel il aspirait dans toute l’humilité qui le caractérise.

 

En 2005, il se suicide chez lui d’un coup de révolver, à l’âge de 67 ans.

Pour son enterrement, Johnny Depp, devenu son ami, finance la cérémonie et exauce le vœu de l'auteur en dispersant ses cendres depuis un canon placé en haut d'une tour de cinquante mètres de haut.

 

Abigaël D.

Partager cet article
Repost0

commentaires



A vous de jouer !