Il ne l'a jamais nié, il aime changer de style.
Depuis ses débuts à l 'École Supérieure d'Art Appliqués jusqu'à son dernier tome publié en novembre 2019, Olivier Ledroit a toujours évolué en fonction de ses projets.
Il commence sa carrière en tant qu'illustrateur pour des magazines de jeux de cartes.
Au commencement étaient les déceptions
En 1989 il signe, avec François Froideval, le premier tome de la série qui le lancera dans le milieu de la bande-dessinée, Chroniques de la Lune Noire : Le signe des Ténèbres qui paraît chez Zenda.
Il travaillera sur toutes les couvertures ainsi que les illustrations des tomes 1 à 5.
Chroniques de la Lune Noire se verra, quelques années plus tard, considérée comme l'une des principales séries françaises héroïco-fantaisistes.
- Débuts des années 1990 : Premières déconvenues.
L'artiste signe chez Vents d'Ouest et Soleil les séries Xoco et Sha. Cette fois on change de registre. L'univers est toujours sombre et mystérieux mais les deux scénarios forcent Ledroit à s'adapter.
Xoco, basé sur un scénario de T. Mosdi rend hommage aux films noirs des années 30 alors que Sha, développée par P. Mills, fait voyager le lecteur dans une atmosphère cyber-punk. Loin de vouloir perdre son identité on retrouve, tout de même, le style graphique malsain et violent inhérent à l'illustrateur. Les deux séries n'auront pas le succès escompté…
Illustrateur phare du nouveau style gothique. Ledroit trouve son inspiration dans la littérature fantastique du XIXè siècle et les jeux de rôle.
- Nouveau millénaire : Nouveaux projets, mais…
Après l'échec de leur partenariat avec Soleil et Vent d'Ouest, Ledroit et Mills créent les éditions Nickel avec Collin, ancien fondateur des éditions Zenda. Cette toute nouvelle collaboration mène à la sortie d'une nouvelle série Requiem, Chevalier Vampire.
Malheureusement nouvel désillusion : l'univers, toujours fantastique, mais chargé et gore n'est pas au goût du public. Il faudra attendre quelques années pour que la série gagne le succès attendu.
Un nouveau tournant en autonomie.
S'inspirant du milieu ésotérique, intérêt qui s'enracine au fond de lui lors de longues promenades avec son oncle "alchimiste", l'artiste entoure ses scénarios de mystère. Passionné par les papillons les fées sont ses premières muses.
- Le fantastique à la sauce Ledroit
En 2005 il publie son premier ouvrage personnel Univers féerique d'Olivier Ledroit. chez Daniel Maghen. Il s'agit d'un recueil d'illustrations. Le projet tranche avec le style graphique d'alors : Il s'agit d'un ensemble varié aussi bien sur fond que sur la forme. Tout le bestiaire fantastique y est représenté des gnomes aux fées ainsi que celui issu directement de son imaginaire. l'artiste utilise différents supports comme le feuillet papier, des cartonnés et surtout varie les techniques en utilisant du crayon ou de l'aquarelle.
N'étant plus obligé de s'adapter aux attentes d'un scénariste Ledroit expérimente. Sept ans après la sortie de son Univers féerique, il met en scène un nouveau personnage.
- Un style qui s'affirme
Wika, une fée protégée du dieu Pan. La trilogie éponyme s'est terminée en novembre 2019, avec la sortie du tome 3. Véritable concentré de l'art de Ledroit, le lecteur se voit plongé dans une atmosphère plus féminine. L'héroïne n'a cependant de princesse que le titre. En effet on retrouve l'imaginaire fantasy et chargé du dessinateur mais il a troqué le noir et rouge pour une palette de couleurs bien plus variée, voire explosive.
Pour cette trilogie l'auteur va prendre ses sources auprès de la mythologie nordique (Monde de Pan, Ragnarork, Gorges des Valkyries) des légendes d'Europe du Nord (Haggins, est un des alliés est aussi le nom… d'une saucisse !) ou des contes des frères Grimm.
Il s'agit ici d'une véritable furie visuelle, tant sur le contenu que sur le contenant.
Plusieurs cordes à son arc, Ledroit.
On l'aura compris Olivier Ledroit est dessinateur. Mais pas que !
- Un imaginaire trop riche pour le limiter au dessin
L'artiste est aussi peintre et sculpteur. Cette propension a inventer et créer le pousse a innover. Toujours dans sa dernière trilogie l'album lui-même subit des modifications. Le livre n'est plus uniquement un support mais un contenant amovible que l'on peut tourner, ouvrir. Bref, découvrir. Cette facilité a outrepasser les cadres et déconstruire la lecture offre plusieurs niveaux de lecture.
L'innovation majeure tient surtout à l'ajout de matières avant impression. Après avoir passé dix ans en rouge et noir sur Requiem, Ledroit s'offre la douceur et l'originalité à travers l'ajout de dentelles et pièces mécaniques.
- Du crayon gris à la forge
Olivier Ledroit publie chez Glénat. Ses planches originales sont disponibles à la vente au sein de la galeries d'exposition de l'éditeur (c'est ici : https://www.galerie-glenat.com/olivier-ledroit-3/). Les planches... et les sculptures. L'univers de Wika l'inspire dans la création en métal, bois et autres matériaux de certains objets importants de ses bandes-dessinées.
En conclusion malgré des débuts compliqués Olivier Ledroit reste le précurseur de l'héroïco-fantastique dans le monde de la BD. Par son style reconnaissable entre mille et la qualité du travail apportée grâce à sa précision, il présente des œuvres de qualité. Fort d'un imaginaire bouillonnant l'auteur-illustrateur, sculpteur va encore nous mener très loin…
Flory