D’après la revue les Cahiers du Cinéma, la proportion de femmes réalisatrices stagne autour de 20 % en France. En plus d’être peu nombreuses, un grand nombre de ces femmes ne bénéficient pas de la même reconnaissance qu’on donne à leurs pairs masculins ; en 2018, 82 personnalités féminines internationales du monde du cinéma ont monté les marches au cours du Festival de Cannes pour mettre en lumière le manque de diversité de la compétition officielle – seulement 82 films réalisés par des femmes ayant été sélectionnés depuis sa création en 1946, contre 1645 réalisés par des hommes.
Dans un monde post-Weinstein et #MeToo, Hollywood et le milieu du cinéma commencent, lentement, à changer pour aller vers plus d’inclusivité. Le travail des femmes cinéastes mérite d’être reconnu au même titre que celui des hommes ; voici donc quelques recommandations de réalisatrices de tous horizons, qui abordent diverses thématiques. Bien sûr, cette liste est loin d’être exhaustive !
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C'est l’une des plus grandes figures du cinéma expérimental français des années 1950-60. On lui doit une filmographie très riche, parmi laquelle Cléo de 5 à 7, ou encore L’une chante, l’autre pas, qui met en scène le sujet de l’avortement et la solidarité féminine : Agnès Varda s’est toujours engagée pour la cause des femmes à travers son œuvre. Très admirée aux États-Unis, elle est la première femme réalisatrice à recevoir en 2017 un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière, avant d’être nommée l’année suivante pour son documentaire Visages, villages, coréalisé avec l’artiste JR. Elle nous a quittés en 2019, mais son esprit rebelle et sa soif de liberté continuent de vivre à travers ses films.
"Visages villages" - Bande annonce
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Première femme noire américaine à remporter le prix de la meilleure réalisation au Festival Sundance en 2012, Ava DuVernay s’impose comme une réalisatrice visionnaire, ouvertement militante et engagée dans la lutte antiraciste, avec ses films Selma, biopic sur Martin Luther King Jr., ou encore The 13th, film documentaire centré sur le système carcéral américain et son rôle dans le renforcement des inégalités raciales. Elle est également à l’origine de la série Netflix When they see us, inspirée d'une histoire vraie, sur de jeunes garçons noirs injustement condamnés dans une affaire de viol.
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Scénariste, réalisatrice, la carrière de Céline Sciamma a commencé avec le long-métrage Naissance des pieuvres. Elle y aborde des thèmes qui reviendront par la suite dans ses autres œuvres, comme l’ambigüité sexuelle et la féminité. C’est avec son 4e long-métrage, Portrait de la jeune fille en feu, histoire d’amour entre une peintre et son modèle au XVIIIe siècle, qu’elle obtient une certaine renommée internationale, en gagnant le prix du scénario au Festival de Cannes 2019 entre autres. Elle-même lesbienne, Sciamma est très engagée pour la cause homosexuelle mais aussi pour l’expression féminine au cinéma.
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Après Pariah, son premier film poignant dans lequel on suit la vie d’un jeune homme afro-américain dans la recherche de son identité sexuelle, c’est avec Mudbound que Dee Rees se fait davantage remarquer par le public. Elle aborde à travers le vécu de deux familles de fermiers, dans le contexte post-seconde guerre mondiale, la question du racisme et de la ségrégation dans la campagne des États-Unis du Sud, mais aussi le vécu du syndrome post-traumatique qui touche les anciens soldats. Plus récemment, elle a aussi écrit et réalisé le long-métrage The Last Thing He Wanted, présenté en 2020 au Festival Sundance.
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Cette réalisatrice franco-turque s’est principalement fait connaître grâce à son premier long-métrage Mustang, présenté à la « Quinzaine des réalisateurs » du Festival de Cannes en 2015. Le film suit l’histoire de cinq sœurs turques et de leur combat pour la liberté, face à une famille oppressante et une société patriarcale étouffante, sous couvert de tradition et de religion. Elle réalise également en 2017 le film Kings.
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Connues surtout pour la trilogie de science-fiction Matrix, les sœurs Wachowski sont aussi à l’origine de diverses œuvres qui ont marqué l’industrie du cinéma, comme Cloud Atlas ou encore V pour Vendetta. Leurs films sont notables non seulement pour leur utilisation novatrice des effets spéciaux par ordinateur, mais aussi pour la mise en scène de diverses thématiques récurrentes, comme la question de l’émancipation féminine ou la quête de liberté des personnages. Plus récemment, elles ont réalisé la série Sense8 sur Netflix.
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Après un premier film, Posthumous, et divers court-métrages, c’est son second long-métrage The Farewell (L’Adieu en français) qui révèle Lulu Wang. Avec au casting la comédienne Awkwafina dans son premier rôle dramatique, ce film est directement inspiré de la vie personnelle de la réalisatrice et aborde les thématiques de la famille et du secret dans la tradition chinoise. Elle a reçu diverses nominations aux BAFA ou encore au Festival Sundance en 2019.
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Après son premier long-métrage Little Woods en 2018, avec au casting les actrices Tessa Thompson et Lily James, Nia DaCosta est une réalisatrice aux nombreux projets à suivre. En effet, elle est à l’origine du remake de 2021 du film d’horreur Candyman, produit par Jordan Peele – et qui semble s’inscrire dans la lignée des films Get Out ou Us, réalisés par ce-dernier, en matière de représentation afro-américaine dans le genre de l’horreur. Disney a aussi récemment annoncé qu’elle réaliserait le prochain film Captain Marvel – ce qui fera d’elle la première femme noire à réaliser un film des studios Marvel.
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Cette réalisatrice et autrice de bande dessinée franco-iranienne s’est fait connaître grâce à la publication de sa BD autobiographique Persepolis, qui raconte sa jeunesse en Iran et en Europe, et qu’elle adapte en long-métrage d’animation en 2007. Le film fait polémique auprès du gouvernement iranien, qui le conteste ; il lui vaudra cependant diverses récompenses, notamment le prix du jury au Festival de Cannes, ou encore une nomination pour l’Oscar du meilleur film d’animation en 2008. Plus récemment, elle a réalisé le biopic sur Marie Curie, Radioactive, avec Rosamund Pike dans le rôle principal.
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Réalisatrice, scénariste et autrice militante kényane, Wanuri Kahiu aborde dans son œuvre des thématiques sociales qui lui tiennent à cœur. Son premier long-métrage, Rafiki, raconte l’histoire d’amour entre deux jeunes femmes kényanes, filles de politiciens, face aux préjugés de leurs parents et au climat ambiant d’homophobie présent dans leur ville. D’après la réalisatrice, le but de ce film était de bousculer les mentalités sur ce sujet dans son pays ; il lui a fallu se battre contre la censure au Kenya, à sa sortie en 2018.
Fanny
Pour aller plus loin :
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Le regard féminin : une révolution à l'écran, Iris Brey, Éditions de l'Olivier, 2020
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